Danse et chorégraphie

28 février 2015

Portraits bougés in situ

par Anne Collod

Le projet consiste à réaliser des « portraits chorégraphiques » de personnes malades (en particulier celles dont les mouvements ne sont pas lissés par les médicaments), en situation de vie et d’action dans un environnement spécifique qu’elles auront choisi.

Chaque portrait se constituera à partir de :

  • la consignation sous forme de partition, grâce à la cinétographie Laban(*), des trajets et des dynamiques des mouvements propres à chacun. La transcription par ce système d’écriture est envisagée comme une forme d’enquête et de description de l’expression choréique de la maladie et permettra la réalisation de «textes» se prêtant à l’interprétation, notamment dansée ; le danseur-interprète utilisera en particulier la lenteur comme mode privilégié d’accès à la conscience du mouvement et aux sensations et images qui peuvent y être associées. Il s’agira de trouver, à partir de ces explorations, d’autres outils d’analyse et de description du mouvement et la possibilité d’un nouveau type de dialogue avec les personnes malades ;

  • le recueil de la parole de chacun sur son expérience de la maladie, sur la façon de décrire ses sensations et ses perceptions et d’inventer au quotidien à partir de l’inconnu ;

  • une tentative d’appréhension résolument subjective, en empruntant si nécessaire au mythe ou à la fable, du« nouveau monde » auquel la personne est confrontée et tenterait de s’ajuster par ses gestes. De quelle nature serait le milieu, la contrée qui obligerait à de tels mouvements pour y survivre ?

(*): La cinétographie Laban est un système d’analyse et d’écriture du mouvement élaboré par le chorégraphe et pédagogue allemand Rudolf Laban à la fin des années 20. Ce système d’écriture permet de noter et de restituer les trajets dynamiques de tout type de mouvement, à partir de signes abstraits inscrits sur une partition verticale, décrivant les trajectoires des mouvements (transferts de poids et gestes) des personnes en action.


Initialement diplômée en biologie et en environnement, Anne Collod est danseuse contemporaine et chorégraphe. En parallèle à un parcours d’interprète auprès de différents chorégraphes, sa rencontre avec la cinétographie Laban (système d’écriture du mouvement, dont elle est diplômée en 1993) la conduit à s’intéresser à la recréation, à partir de partitions, d’œuvres chorégraphiques du XX° siècle et à co-fonder le Quatuor Albrecht Knust (1993-2001), collectif d’interprètes articulant dans son approche spectacles, recherche et pédagogie.

Elle poursuit au singulier ce travail de réinterprétation en axant son travail sur les « utopies du collectif ». Ce thème l’amène à travailler au long cours avec la chorégraphe américaine Anna Halprin, pionnière de la danse post-moderne, et à proposer une réinterprétation in-extenso de Parades and Changes (1965), œuvre majeure de la chorégraphe. Créée au Festival d’Automne à Paris en 2008, parades & changes, replays tourne depuis intensivement en France et à l’étranger et a été récompensée par un Bessie Award à New-York en 2010.

Anne Collod bénéficie pour l’année 2010-2011 de l’Aide à la Recherche et au Patrimoine du Ministère de la Culture et du programme Hors les Murs de l’Institut Français/Ministère des Affaires Etrangères pour un projet de recherche autour des Danses Macabres, et des liens créés par la danse entre les vivants et les défunts. Ce projet l’emmènera au Mexique et au Japon, et donnera lieu à une création pour la saison 2013/2014.

Elle s’intéresse par ailleurs à la création in situ, et a notamment présenté en 2007 (faire) cabane avec le designer et performeur Mathias Poisson, proposition plastique et chorégraphique pour site et chœur d’amateurs.

Elle est également régulièrement invitée en tant qu’enseignante en France et à l’étranger et est diplômée de la méthode Feldenkraïs.

Elle fait partie des auteurs du spectacle Bons baisers de Huntington dont une première présentation a été présentée à Rio au Congrès International sur la maladie en septembre 2013, et une version totalement remaniée présentée au festival Mode d’emploi, Les Subsistances, Lyon, en novembre 2014.


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