Jeux vidéos et Huntington – Fabrique d’expériences anti-catastrophe

Tremblator


Jeux vidéo et Huntington. Une association inattendue. Pour nous a Dingdindong, cela a tout de suite résonné. Jouer avec la maladie. Nous qui voulions la questionner, lui donner de nouveaux possibles, la faire danser, la mettre en expérience; le jeu devenait une évidence.

Au travail sur cette idée depuis fin 2012, il était grand temps de faire un point d’étape sur ce sujet.

Serieusement, un jeu vidéo?


La notion de jeu nous vient du fond des temps et des penseurs très sérieux considèrent le jeu comme un des principaux mécanismes de civilisation. Quand on y pense, c’est comme ça qu’on apprend tout. Enfant bien sûr, mais pas seulement. On passe notre temps à jouer avec les formes, les nombres, le langage, les techniques, les histoires et l’Histoire. En explorant des possibles, en sélectionnant des combinaisons, en observant les résultats, en recommençant, en progressant, en se félicitant de réussites, en se laissant gagner par la magie qui s’opère quand le jeu devient monde.

A l’origine de la démarche d’un jeu vidéo Dingdindong, il y a la volonté de fabriquer des expériences liées a Huntington. En nous prenant par les sens, en recréant un monde dans lequel on est absorbé, en étant activé par le joueur, le jeu a cette capacité de transformer une expérience virtuelle en savoir bien réel. Dans notre contexte Huntington, il s’agissait aussi d’utiliser le jeu comme scénario anti catastrophe: faire exister et co-exister des possibilités multiples de construction d’un devenir, questionner les cadres de références habituels concernant la MH, spéculer des situations virtuelles qui informent le réel. Les opportunités de mettre a profit le format jeu vidéo bien au delà de ses clichés habituels ne manquaient pas.

Premières occurences de jeux Huntingtoniens


Au départ, nous n’avions pas une idée claire sur le jeu à faire (tout juste savions-nous ce dont nous ne voulions: pas de jeu « à messages », ni jeu ”d’apprentissage ». Le premier réflexe à été de nous entourer, de mettre en résonance nos idées. Nous avons été invité à intervenir à l’ERG, l’École de Recherche Graphique de Bruxelles, dans le cadre de son département Narration Spéculative. Après une journée d’introduction et de cours accéléré sur le jeu et le jeu vidéo (disponible ici), Dingdingdong formule la demande suivante aux étudiants: “Imaginez des concepts de jeux vidéos spéculatifs qui traiteraient de Huntington depuis la perspective Dingdingdong.” Aux étudiants de trouver des mécaniques et règles de jeu, arc narratif et direction artistique, les données techniques étant données et le format de rendu étant libre: vidéo, texte, dessins, etc.

4 groupes se sont formés pour répondre à cette commande. Après une première session de 2 jours de travail, des premiers concepts ont émergé, certains en explorant des formats de jeux connus (jeux de plateaux, de l’oie), d’autres en allant chercher des formes inédites (un jeu de danse récalcitrant par exemple). Les idées étaient prometteuses et un deuxième rendez vous est pris plus tard dans l’année pour continuer.

Deux cas d’écoles à pousser plus loin


Après une deuxième session de travail de 2 jours, deux travaux retiennent particulièrement notre attention. Un premier jeu vidéo spécule que la chanteuse Beyoncé est porteuse de Huntington, ce qui va l’amener a faire des chorégraphies de plus en plus inédites et attirer toujours plus de fans. Un autre concept de jeu s’inspire de l’histoire d’Alice Rivières (lien), qui sous les traits d’une surfeuse utilise ses pouvoirs huntington pour surfer toujours plus loin dans le monde.

Dans les deux cas l’expérience Huntington opère une métamorphose des personnages, qui vont transformer leur désarroi en pouvoirs d’élargir leur monde. Tout à fait enthousiasmant de notre point de vue, nous tenions là une vraie nouvelle prise avec Huntington, qui plus est dans un format accessible et ludique.

Après que ces étudiants ait passé leur jury de fin de cursus, nous avons proposé aux étudiants de continuer l’aventure et de faciliter une mise en production des concepts. Nous avons alors accompagné les étudiants dans leurs recherches de développeurs, de financements, leurs efforts de crowdfunding, toutes ces étapes propres au jeu indépendant. Comme le montre le film Indie Games The Movie, réaliser un jeu indépendant est un exercice difficile, long et coûteux, surtout pour des jeunes qui démarrent leur parcours professionnel.
Nul ne sait si ces jeux seront jouables un jour. En attendant, nous avions à coeur de vous les présenter sur ce site, et faire vivre ainsi les belles idées qui les animent.

Tremblator


Par son univers onirique, sa référence à la pop star Beyoncé et le jeu qui s’opère entre danse choréique et danse chorégraphique, Tremblator marque les esprits. Jeu demandant de petits moyens pour exister, nous espérons vivement intéresser financiers et développeurs pour réaliser une version jouable. Si vous êtes d’accord avec nous, alors faites passer le mot sur vos réseaux d’amis et auprès de votre communauté Huntington.

Tremblator, par Eve Decampo et Adrien Nihoul

Foam Day


Foam Day (« Jour de Mousse »), comme référence à la mousse bienfaitrice imaginée par Alice Rivières comme mécanisme de soin de Huntington. Dans le jeu, Alice enrage de ne pouvoir surfer, empêchée par ses problèmes nouveaux venus de balance et d’équilibre. En battant de dépit les eaux de l’océan, de l’écume se forme, une écume qui prend vite des proportions énormes. C’est cette écume, cette mousse qui va la soulever et lui permettre de se déplacer avec son surf ou elle veut et quand elle veut. Grâce a un battage toujours plus élaboré d’éléments moussants et de l’aide d’experts en mousse rencontrés sur son chemin, Alice oriente sa quête vers les eaux bienfaitrices de Tahiti.

Foam Day, par Julie Rouanne, Carole Massart et Mathilde Denison